Trop nombreux ces derniers temps sont ceux qui souhaitent faire évoluer notre sport pour son bien, disent-ils – la VAR n’est toujours pas passé pour ma part !
C’est au tour de Arsène Wenger, que l’on pensait à raison cramer suite à sa fin de règne difficile du côté d’Arsenal il y a plus de trois ans, de revenir sur le devant de la scène affublé du titre de directeur du Développement du football mondial à la FIFA, et porteur d’un projet de grande envergure : la réforme de la Coupe du Monde.
Sa grande réforme de la compétition phare de la FIFA s’articule autour de deux grandes idées : tout d’abord la restructuration du calendrier du football des nations (réduire de cinq à deux les périodes de rassemblement internationales) qui semble vraiment bien senti mais c’est ensuite, quand Wenger s’attaque aux murs porteurs de la maison avec une Coupe du Monde tous les 2 ans, que les dissensions font rage.
Que penser de ce chamboulement ? Ma nature conservatrice m’encourage à poser un NON catégorique devant la froideur de l’Alsacien qui souhaite à tout prix détruire l’un des derniers vestiges de mon époque, la rareté, chose qui semble inacceptable dans cette société où il nous est constamment promis immédiateté (merci aux Amazon et autres !) et abondance (Monsanto et netflix).
Le créneau vacant laissé par la FIFA dans sa formule actuelle (avec un Euro tous les deux ans et une Coupe du Monde tous les quatre ans) est vandalisé par d’autres acteurs de l’industrie du divertissement
L’attente n’est plus un plaisir mais un supplice, sévèrement condamné qui répété mène à l’ostracisation de l’incapable fournisseur. La valeur n’est plus dans la qualité des biens et des services mais dans leur disponibilité.
Le créneau vacant laissé par la FIFA dans sa formule actuelle (avec un Euro tous les deux ans et une Coupe du Monde tous les quatre ans) est vandalisé par d’autres acteurs de l’industrie du divertissement – le sport, les films et la télévision, les jeux vidéo sans oublier les géants de l’internet (Youtube, Facebook, Tik Tok…).
Il n’y a plus de scrupules, c’est une guerre au présentéisme pour ces entreprises qui tremblent à l’idée de perdre notre attention rien qu’un instant. Leurs community managers ont pour rôle de nourrir la grande bête, de maintenir constamment le dialogue avec des êtres dont la capacité d’attention et de concentration est d’une volatilité effrayante ; une vidéo d’un chat qui aurait l’air de danser le floss, une photo d’un smoothie aux fruits des bois et au granola ou encore un mème de The Weekend lors du Super Bowl et ils peuvent nous perdre à jamais. Alors pourquoi la FIFA, grâce à cette nouvelle formule d’alternance chaque année entre Coupe du Monde et Euro, n’occuperait pas le terrain ?
Oui, l’époque a changé, et ses valeurs aussi. Le foot n’appartient déjà plus à ma génération. Les directions des clubs, s’inspirant allégrement de la gestion nord-américaine, pensent avant tout à comment retenir l’attention des jeunes, capricieux et versatiles, qui n’aiment plus un club mais un joueur et donc au moindre transfert de ce dernier, s’envolent sans même une pensée. Ce nouveau public consomme le sport différemment et pour eux quatre ans équivalent pour nous à une décennie ; la Terre ne tourne plus à la même vitesse. C’est à eux qu’il faut laisser le loisir de trancher sur cette décision car finalement c’est eux l’incarnation du sport de demain. Seule véritable surprise dans ces événements, est l’identité du messager, le plus vieux d’entre nous, Arsène, 71 ans, qui inverse la croyance que le fils doit tuer le père et tente de s’assurer sa trace laissée dans la postérité.
World Cup, every 2 years?
Too many lately wish to evolve our sport for its own good. VAR (Video Assistant Referee) is still not okay for me.
Now it is Arsène Wenger’s turn, he was rightly thought of as burning his difficult ending on the Arsenal side more than three years ago. Now returns to the front of the stage decked out with the title of chief of global football development and the bearer of a large-scale project: The Reform of the World Cup.
His great reform of the flagship FIFA competition revolves around two main ideas; first of all, the restructuring of the football calendar of nations (reducing from five to two international meeting periods) which really seems like a good idea. Second, Wenger attacks the load-bearing walls of the World Cup by proposing it every 2 years as opposed to every 4 years which has caused some disturbance in the football world.
What should one think of this upheaval? My conservative nature encourages me to put a categorical NO in front of the coldness of Wenger who wishes at all costs to destroy one of the last vestiges of my time, scarcity. That perhaps seems unacceptable in this society where immediacy (thanks to Amazon and others!) and abundance is constantly promised to us. (Monsanto and netflix).
The wait is no longer a pleasure but a punishment, severely condemned which repeatedly leads to the ostracization of the incompetent supplier. The value is no longer in the quality of goods and services but in their availability.
The slot left by FIFA in its current formula (with one Euro every two years and a World Cup every four years) is being vandalized by other players in the entertainment industry – sports, film, television, video games without forgetting the giants of the Internet (Youtube, Facebook, Tik Tok…).
There are no more scruples, it is a war on presenteeism for these companies that tremble at the thought of losing our attention for just a moment. Their community managers have the role of feeding the great beast and constantly maintaining dialogue with beings whose capacity for attention and concentration is frighteningly volatile. For example, a video of a cat apparently dancing the floss, or a photo of a berry and granola smoothie or a Weeknd meme from the Super Bowl has lost us forever. So, thanks to this new formula of alternating each year between the World Cup and the Euro, why shouldn’t FIFA occupy the field?
Yes, times have changed, and so have values. Football is no longer my generation. The management of the clubs, blithely inspired by North American management, think above all—how to retain the attention of the youth who are capricious and versatile, who no longer like a particular club but support the player.
This new audience consumes sports differently and for them four years is equivalent to a decade for us; the Earth is no longer spinning at the same speed. This decision should be left to them to decide because, in the end, they are the embodiment of the sport of tomorrow. The only real surprise in these events is the identity of the messenger, the oldest among us, Arsène, 71, who overturns the belief that the son must kill the father and tries to confirm his trace left in posterity.