Depuis le tirage, tous les observateurs et amateurs de football annoncent une qualification logique et inéluctable des Bavarois tant ils sont dominateurs depuis plusieurs saisons. Mais de mon côté, d’une façon presque instinctive, j’ai sur le moment immédiatement déclaré le contraire : le PSG allait se qualifier.
Une âme naïve, tentant de rationaliser mon pronostic, m’a alors demandé : « Penses-tu qu’ils ont tiré des leçons de leur finale perdue ? » Et la réponse est évidente, comme la dernière expulsion de Neymar contre Lille samedi dernier, ces mecs-là n’apprennent malheureusement jamais.
Ma foi en leur qualification reposait uniquement sur le fait que c’est dans ce rôle de pirate-challenger que les Parisiens excellent ! Tapis dans l’ombre, ils semblent aborder plus sereinement ainsi les événements comme ce fut le cas au match aller du tour précédent contre Barcelone. Doté d’un logiciel qui fonctionne à l’exploit et l’arrogance, les stars parisiennes raffolent, quand nous prenons plaisir à les enterrer, nous rappeler que nous ne sommes que des hommes, nous ne savons rien. Index posé sur des lèvres clauses (à défaut de nous tendre le majeur), le regard droit sur la caméra après un but important, ils nous renvoient à notre pauvre condition. Le travail et la recherche de régularité appartiennent aux faibles, aux mortels ; le privilège du divin est dans l’inné et l’inattendu ; je vous invite à consulter les livres saints et le taux de match jouer par Neymar depuis son arrivée au PSG (43% !)
Le forfait probable de Lewandoski côté allemand a fait chavirer l’opinion publique, voyant en l’absence du meilleur buteur européen de ces deux dernières saisons, un rééquilibrage des forces dont les parisiens se devraient de profiter. Mais c’est sans oublier la plus grande faiblesse du club de la capitale, un mental en mousse. Depuis l’ère Qataris, presqu’à chaque fois que le PSG s’est présenté comme favori dans un match à élimination directe, il a failli.
Doté d’un logiciel qui fonctionne à l’exploit et l’arrogance, les stars parisiennes raffolent, quand nous prenons plaisir à les enterrer, nous rappeler que nous ne sommes que des hommes, nous ne savons rien.
Le club ne sait pour le moment pas assumer ce statut et ne peut s’empêcher de se faire « caca-culotte » (expression de Jérôme Rothen) devant un grand d’Europe. Chaque contre-performance a été religieusement imputée à chaque fois à un homme : Laurent Blanc, Zlatan, Emery, Tuchel, l’absence de Neymar… mais surtout l’ex-capitaine Thiago Silva, qui comme un symbole incarnait la loose parisienne sous l’ère QSI. Enfin débarrassé du chat noir l’été dernier, tout devait changer. Mais force est de constater que pendant la quasi-totalité du match retour contre le Barça il y a quelques semaines, pourtant débuté avec trois buts d’avance, les attitudes qu’on pensait à jamais balayées ont refait surface : l’équipe a passé la rencontre sur le reculoir – Marqui presque sur les épaules de Navas – autant effrayée par leurs adversaires du soir que par les fantômes catalans du passé.
Cela révèle que le mal parisien est plus profond. Dans tous les étages de l’institution, notamment à son sommet, il y a des lacunes. Pour être sincère, le club n’a plus d’âme, plus de valeur susceptible de résonner dans le cœur de tous et de les contraindre à un sacrifice quotidien.
Maintenant que Paris a perdu son étrange avantage, avec l’absence du buteur polonais, la régularité et la consistance bavaroises vont surement s’imposer et rappeler que parfois et même très souvent, la logique de l’homme vaut mieux que celle des Dieux. Mais avec cette nouvelle génération de Toi ferme ta gueule ! capable d’incroyables grands écarts de performance, personne ne peut jurer que demain, encore, ils ne nous toiseront pas du regard après un nouveau miracle et nous sommerons de courber l’échine et de chanter l’intronisation d’un nouvel ordre, celui du désordre.