« Allez ouste ! », voilà des années que je milite pour l’exfiltration du soldat Ménès, non pour ses actes sexistes, que j’ignorais, mais tout simplement à cause d’une sensation désagréable et malsaine que m’ont toujours provoqué sa présence et ses interventions dans le Canal Football Club. Oui, Pierrot sur le plateau ressemble à s’y méprendre à un cancre, écolier insolent venu sans son cartable ni ses devoirs et qui passe la journée à se balancer sur sa chaise en faisant des grimaces et en jetant des bouts de gommes sur ses camarades appliqués. Craint plus que véritablement apprécié, d’année en année il a sombré dans la caricature, délaissant les analyses et le journalisme pour se vautrer dans les plaisirs sucrés de la punch line et de la vulgarité, recette plus que rentable au vu de ses 2,5 millions d’abonnés Twitter. Le bonhomme a pris le melon – « je suis le chroniqueur numéro 1 dans l’émission numéro 1 sur le foot » –, et comme Mourinho (autoproclamé, The Special One !), il s’est enfermé avec délectation dans le rôle du père fouettard.
Mais être mauvais ni de mauvais goût n’a jamais constitué un délit contrairement aux accusations de sexisme dont il fait l’objet. Une séquence coupée du documentaire de la journaliste de Canal Plus Marie Portolano, sur le sexisme dans les rédactions sportives, confronte l’intéressé à ses propres actes, dont notamment le jour où il se serait permis devant plusieurs collègues, de soulever la jupe de la jeune journaliste, pour rire, admettra-t-il après avoir dans un premier temps feint l’oubli de l’épisode.
“Je suis l’homme à abattre !”
Démuni et choqué, plus encore que la victime elle-même, que cette dernière puisse se retourner contre lui – l’époque a changé, Pierrot n’avait pourtant pas vu venir l’uppercut le malheureux –, il concèdera quelques jours plus tard sur le plateau de l’émission TPMP sur C8 (chaine du groupe Canal), que son acte « y a 5 ans serait passé crème ».
Autre axe maladroit plaidé, par tout avocat sans idée, la folie passagère : « ce soir-là je n’étais pas dans mon état normal » avant de conclure son plaidoyer victimaire et égocentrique – le rappeur Booba n’aurait pas dit mieux – Pierrot assène aux 1,6 millions de téléspectateurs du talk-show (audience à la hausse ce soir-là) : « Je suis l’homme à abattre ! »
Excuses sincères étrangement formulées ou tentatives acrobatiques de sauvetage de carrière (sans doute orchestrée par la chaine avec laquelle il dit vivre « une histoire d’amour »), je vous laisse en juger. Moi j’encouragerais la direction à se défaire au plus vite de ce gamin grisé par l’exercice du pouvoir pour un nouveau visage, pourquoi pas une femme non-blanche (probablement trop tôt pour eux d’envisager une personne transsexuelle), histoire d’étouffer leur complicité et par la même occasion, pour nous, d’ennuyer les vieux réacs de toutes les rédactions sportives.
Enfin pour Pierrot, si ce soulèvement de jupe n’est pas un acte isolé (un baiser forcé en 2012 à la chroniqueuse Francesca Antoniotti et une altercation avec son collègue Habib Beye qui lui reprochait son comportement avec les femmes, démontrent déjà le contraire), d’autres témoignages pourraient donner un sens beaucoup moins sympathique au petit nom dont j’aime l’affubler : Pierrot le fou !