Neymar: le chaos parfait (fr/en)

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Le début du documentaire nous rappelle que Neymar Jr. est une star depuis l’enfance – à 14 ans, il gagnait son premier million. Passée cette courte genèse, la série raconte les différentes étapes de sa vie. Neymar se permettant d’en commenter certains et d’en éluder d’autres, les plus intéressants,  dont la nouvelle de sa paternité ou encore son départ précipité de Barcelone pour Paris ; il laisse le soin à d’autres (membres de la famille, amis, journalistes…) de se risquer à une analyse. Tout au long de l’interview, malheureusement, la star brésilienne retombe dans ses travers et se complait dans un rôle de victime qu’elle affectionne ; la prise de recul n’est pas pour aujourd’hui.

Ainsi le documentaire pointe le véritable responsable des difficultés de la star, son père (qui se nomme également Neymar Sr.), figure centrale et imposante qui régit de façon autoritaire la vie de son fils. Très vite, l’idée s’installe qu’on préfèrerait que le documentaire soit sur cet homme qui considère son fils avant tout comme une marque et dont l’avidité insatiable semble révéler une hantise sombre et funeste, la peur de redevenir pauvre. Assis à son bureau d’où il domine la ville de Sao Paulo qui s’étend derrière lui à perte de vue, il ressemble à Tony Soprano ou à tout autre bandit qui aurait réussi.     

Quant à Neymar, les images de son quotidien confirment qu’il est simplement coincé dans l’adolescence. Il en présente tous les codes : les teintures capillaires, le maillot des Lakers qu’il porte tout au long du documentaire, les jeux vidéos de guerre auquel il joue la nuit, un portrait de lui mi-Batman mi-Joker accroché dans son salon et ses potes d’enfance dont il ne se départ que très rarement et avec qui il passe son temps à ricaner niaisement.

Neymar Jr., à notre grand regret, ne parle jamais de football, de la façon dont un génie comme lui appréhende son sport. La série n’est qu’un simple outil de communication pour le Brésilien qui peine à briller sur les terrains depuis plusieurs années et semble vouloir nous attendrir en abordant deux pans de sa vie privée : sa condition de fils oppressé par un père omniprésent et celle de père absent d’un petit garçon de dix ans. La Juxtaposition est intéressante car Neymar Jr. impose à son fils, consciemment ou inconsciemment, l’espace dont il semble toujours avoir rêvé jeune. Malheureusement, le traitement par la production est là encore trop superficiel et nous laisse sur notre faim.

L’unique enseignement de cette “auto-production” est une claire et triste abdication qui émane du joueur Neymar lui-même qui, depuis son lit, se confie à la caméra, bouffi et fatigué, scène qui rappelle ainsi Elvis Presley lors de son crépuscule.


Neymar: the perfect chaos

The beginning of the documentary reminds us that Neymar Jr. has been a star since childhood. At 14 years old he earned his first million. After this short stage of genesis, the series tells us different milestones in his life. He allows himself to comment on some of them and elude to others leaving the responsibility to others (his family, friends, journalists etc) to respond, for example, the news of his paternity or his hasty departure from Barcelona to Paris. 

The doc points to his father, the real person responsible for the difficulties of the Brazilian star, (who is also called Neymar (Neymar Sr)), a central and imposing figure who authoritatively governs the life of his son. Very quickly, the idea takes hold that we would prefer the documentary to be about the father, a man who considers his son above all a brand, and whose insatiable greed seems to reveal a dark and fatal obsession with the fear of becoming poor again. Sitting at his desk with a view of Sao Paulo behind him he looks like Tony Soprano or any other successful bandit.

As for Neymar, the images of his daily life confirm that he is simply stuck in his adolescence. He presents all the signs; the dyed hair, the Lakers jersey (worn the entire time), violent video games, a self-portrait of him as half Batman half Joker, and lastly his silly acting childhood friends who barely leave his side.

This Netflix documentary, to our great regret, never talks about football, the way the genius approaches his sport. The series is just a simple communication tool for Neymar Jr. who has struggled to shine on the pitch for several years and seems to want to soften us by addressing two aspects of his private life: his condition as a son oppressed by an omnipresent father and that of the absent-father of a ten-year-old boy. The juxtaposition is interesting, we recognize that Neymar Jr. unconsciously, or consciously grants the excessive space he dreamt of from his dad to his son. Unfortunately, the execution is shallow.

The only lesson of this “self-production” is a clear and sad abdication which emanates from the player Neymar himself who from his bed confides to the camera, puffy and tired, a scene which thus reminds us of Elvis Presley during his dusk.