The Napoleonic myth (en/fr)

Version Française

“Benzema, Ballon d’or!”, “Benzema is the best player of the world!” We have been hearing and reading for weeks in the press, social media and at the diner table.

I would like to use the formula of Edouard Balladur, an old French politician responded, “I am asking you to stop!”

I am over the laissez-faire judgements. I dislike weather vanes.

A quick reminder, Mbappé’s praise just before Real Madrid vs PSG in Champions League (March 9th). A few months ago they were for Mohamed Salah and even when Messi got his last Ballon d’or (November 29th), Robert Lewandowski was the hype of the moment.  

Can we not be in the snapshot and judge on a decent period of time and not have excessive statements every 90 minutes? When Cristiano Ronaldo did not score for two games quickly people were pushing for him to retire. After he scored a hat trick, those same people were calling him “GOAT”.

For those who are asking to immediately grant Benzema the Ballon d’or, I would like to remind them that the season is not over and most of all, do not disrespect players like Sadio Mané who won the African Cup. (I know, for many people is a banana trophy but tell that to Salah or Mahrez) He also qualified for the semi-finals of the Champions and the final of the English Cup and still able to win the Premier League (Liverpool is second at one point of Man City).  

Many people unfortunately forget that Soccer is a collective sport. I don’t understand how we rush to determine who is the best player of the moment. It is as empty as awarding a team at the top of their championship mid-season the title of “Autumn Champion”.

Do we lack of vocabulary and ideas to describe our emotions?

Unfortunately, this era wants just that. It’s time for speed, for statements without analysis, for ready made repetitive rehearsals. It’s easier than watching games and having our own opinion. This way of speech is also very dangerous. Thinking of the world through “the best” and so “the worst” do not allow spaces for nuances, for context—sounds like a cruel world.

Why are we constantly looking for a hero? Do we need to be saved? Like Benzema has with his team.

Last week a friend asked me who is the PSG GOAT. He proposed Ronaldinho, Neymar and finally picked Cavani. While I thought of Weah, Raï, Lama, Dahleb, Susic (even if I did not see the two last one play) but I realized it didn’t matter. I just have in mind epic moments and not one name. 

Today, during the first semi-finals of the Champions League two perceptions will face each other: Real Madrid led by Benzema, his providential man of the moment against Manchester City, the collective absolute expression.


Le Mythe napoléonien

“Benzema Ballon d’or !”, “Benzema est le meilleur joueur du monde !”

Voilà ce que l’on entend en boucle ces dernières semaines dans la Presse, sur les réseaux sociaux et lors des diners entre copains. 

En réponse, j’emprunterai l’une des répliques d’un de nos vieux hommes politiques français, Edouard Balladur : “Je vous demande de vous arrêter !”

Pour deux raisons. 

La première est que je suis épuisé par les jugements qui semblerait-il n’ont de valeur que le moment où ils sont prononcés. Je n’aime pas les girouettes.

Rappelez-vous qu’avant le match retour de Ligue des Champions Real Madrid vs PSG (9 mars 2022), ces mêmes louanges étaient adressées à Mbappé. Quelques mois plus tôt, c’était l’égyptien Mohamed Salah qui marchait sur la Premier League. Et lors du dernier Ballon d’or de Messi (29 novembre 2021), la hype du moment était Robert Lewandowski.

Est-il possible de sortir de l’instant ? De juger sur une véritable période de temps susceptible d’être pertinente et non de lancer des jugements à la forme définitive toutes les 90 minutes quitte à revenir dessus le match suivant sans une once de gène ? 

Quand Cristiano Ronaldo ne marque pas pendant deux matchs, il est sans état d’âme poussé à la retraite ; et puis après avoir claqué un triplé, il est porté à nouveau aux nues.

Je tiens aussi à rappeler pour ceux qui ont peu de mémoire et continuent de réclamer sur le champ l’attribution du Ballon d’or à Karim, qu’il est évidemment dans une forme monstrueuse mais que la saison est encore loin d’être terminée et d’autres joueurs méritent peut-être qu’on s’abstienne de cette attribution de Ballon d’or précipitée. Par exemple Sadio Mané, vainqueur de la dernière Coupe d’Afrique des Nations (je sais, la compétition n’intéresse pas grand monde mais allez demander à Salah ou Mahrez ce qu’ils en pensent), qualifié lui aussi pour les demi finales de la Ligue des Champions et pour la finale de la Cup (Coupe d’Angleterre) et toujours en lice pour remporter la Premier League (2ème à un point de Manchester City).   

Deuxièmement, beaucoup, malheureusement, oublient que le football est un sport collectif. Je ne comprends pas cet empressement à toujours vouloir faire ressortir une unique individualité et de lui accoler le terme de “meilleur joueur du monde du moment”. C’est aussi vide que de décerner à l’équipe en tête de son championnat à mi-saison le titre de “champion d’automne”.

Manquons-nous à ce point de vocabulaire et d’idées pour prendre le temps de décrire une prestation sans se vautrer dans cette paresseuse affirmation ?

Malheureusement, c’est l’époque qui veut ça. L’heure est à la vitesse, aux déclarations sans analyses, sans fond, aux répétitions d’expressions toutes faites. C’est plus simple que de véritablement regarder les matchs et de se faire sa propre opinion. Mais c’est aussi très dangereux. Cette façon d’appréhender le monde avec “le meilleur” et donc “le pire” avec rien au milieu n’est que l’essence d’un monde sans nuance, sans espace, sans contexte, la simple expression d’un monde cruel.

Que nous est-il arrivé pour constamment rechercher la figure d’un héros ? Comme Benzema avec son équipe avons-nous nous aussi besoin d’être sauvé ?

Un ami m’a demandé la semaine dernière qui était selon moi le GOAT du PSG. Il m’a proposé Ronaldinho puis Neymar et à porté son choix final sur Cavani. J’ai pensé de mon côté à Weah, Raï, Lama, Dahleb, Susic (ces deux derniers que je n’ai pourtant pas vu jouer) mais j’ai conclu que ça n’avait pas d’importance car ce qui me venait avant tout à l’esprit était des moments, des épopées et non juste un nom. 

Prenons le temps de nous interroger sur nos sentiments, de les décrire, de les analyser et ne nous laissons pas happer par le chant collectif d’une meute dopée à l’emphase qui s’ennuie et qui ne sait plus vivre qu’à travers la starification ou le chaos. 

Aujourd’hui, lors de cette première demi finale de Ligue des Champions, deux perceptions s’affronteront : le Real Madrid mené par Benzema, son homme providentiel du moment, contre Manchester City, l’expression collective absolue.

Bon match !